lundi 19 octobre 2015

Les Fauves - Ingrid Desjours

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio pour m'avoir fait gagner ce livre grâce à leur concours Masse Critique. Ce livre est le premier de la nouvelle collection de Robert Laffont, "La Bête Noire" dédiée aux polars et aux thrillers.

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Faites gaffe avec ce bouquin. Il va vous scotcher à votre chaise/canapé si fort que jamais plus vous ne pourrez vous relever !!

Les deux protagonistes sont Haiko et Lars. L'une sauve des jeunes d'une radicalisation islamiste certaine et se retrouve la cible d'une fatwa après l'assassinat de don amie ; l'autre est ancien militaire, accro à la drogue, détruit par la guerre, devenu garde du corps et engagé pour la protéger.

Ingrid Desjours, il faut le dire, est très douée pour manipuler l'esprit du lecteur. Je me suis retrouvée dans le brouillard le plus total du début à la fin. Elle en dévoile juste assez pour vous tenir en haleine mais trop peu pour que vous puissiez voir où vous allez.

On sent la patte de la psychocriminologue dans ce livre, autant que celle de la romancière, et le cocktail est explosif. Le récit n'a aucun temps morts, l'auteur vous fait tomber dans ses filets et ne vous lâche plus, même après la dernière page. Les descriptions, les mots choisis font mouche à chaque fois, et je ne compterais pas les moments où j'ai juste refermé le livre un instant en pensant "Oh bordel." Les mots, les descriptions, le rythme du livre, tout vous pique, vous fait battre le cœur, vous emporte. Tantôt c'est la peur, l'horreur, parfois un petit moment de répit... Mais ça ne dure pas et vous voilà de nouveau embarqué sur des montagnes russes. C'est un thriller violent, enivrant, passionnant, horrifiant parfois.

Ingrid Desjours plonge sa fiction dans des sujets bien réels, des sujets brûlants de notre actualité : le djihad, les médias qui ont une influence énorme sur nos façons de pensées, nos idées ; les laissés-pour-compte qui reviennent de la guerre traumatisés et ne reçoivent aucune aide... Elle navigue entre les opinions, nous proposent des extraits de journaux ou de sites internet pour étayer son propos, rendre le récit encore plus réaliste, mais ne se départ jamais de son objectivité. Le lecteur est face à des opinions très diverses, des plus extrêmes aux plus modérés, mais l'auteur n'intervient pas et se contente d'exposer les faits.

Les personnages sont fascinants, tellement qu'à la fin on en voudrait plus et on regrette que ça soit déjà fini. Haiko et Lars sont décrit avec brio et minutie ; ce ne sont pas de vulgaires stéréotypes dont les actions sont prévisibles, au contraire. Il sont complexes, humains. Lars n'est pas le militaire baraqué sans peurs et sans reproches ; sa personnalité est fouillée, c'est un être humain blessé, fragile avec ses doutes, ses peurs et ses failles, ses terrifiantes failles... Même chose pour Haiko, tellement mystérieuse, insaisissable.

L'un des fils rouges du récit est la relation entre Haiko et Lars. Pendant un court instant - très très bref instant - j'ai eu un peu peur que l'auteur tourne ça en une histoire gnangnan, style le garde du corps qui tombe amoureux de sa protégé à la Bodyguard, ou alors le militaire brisé par la guerre qui trouve sa rédemption dans l'amour... Enfin le genre de choses qu'on nous sert souvent dans les films et certains livres. Mais c'est sous-estimer la capacité de l'auteur à rendre son récit réel à en faire mal, à détromper son lecteur et à faire s'effondrer ses certitudes. Au fil du roman, on comprends mieux le titre, "les fauves" car au delà du combat de Haiko et de celui que mène Lars contre ses démons, il y a aussi le combat (à mort ? Lisez et découvrez...) des deux bêtes noires que sont Haiko et Lars.

Et c'est cela qui fait l'une des forces de ce roman : l'auteur étonne, ne cesse d'étonner, et nous livre un thriller monstrueusement haletant.

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